Paul Herygers fait le point sur la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI

Lundi 17 octobre 2022

Paul Herygers fait le point sur la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI

Ces deux dernières semaines, le peloton cyclo-cross a donné le meilleur de lui-même lors des premières manches américaines de la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI. Il n'y aura pas beaucoup de temps pour se détendre, car la troisième course du critérium de régularité est déjà au programme demain à Tabor. Nous avons demandé à l'ancien champion du monde et co-commentateur de Sporza, Paul Herygers, de nous donner un aperçu de la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI. 

Paul, au calendrier de la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI figurent pas moins de quatre parcours tout à fait nouveaux, avec Maasmechelen, Beekse Bergen, Dublin et Benidorm. Pensez-vous que c'est un bon complément? 

« Bien entendu, le renouvellement dans le programme est le rêve de tout le monde. Pas seulement des coureurs ou du public, mais aussi des commentateurs. C’était déjà bien réussi avec la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI l'an dernier, mais les quatre ajouts de cette année sont vraiment un rêve. Ce sont des régions où nous ne sommes jamais allés auparavant. Tout le monde est curieux de savoir à quoi ressembleront les parcours et à quel point le cyclo-cross sera populaire dans ces nouvelles régions. L'an dernier, Flamanville, en France, figurait parmi les nouveaux venus. C'était vraiment un soulagement. Et n’oublions pas Val di Sole, la grande surprise pour moi. J'attends avec impatience les nouveaux cross de cette saison. À coup sûr, ce sera génial ! Gavere passe du Telenet Superprestige à la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI. Une promotion justifiée pour le classique belge. » 

Qui va-t-on voir régulièrement sur le podium des Hommes Élite cette saison? 

« Je pense que pour cette question, il faut diviser le calendrier en deux. La première partie commence maintenant, la deuxième lorsque les grands leaders – Wout van Aert, Mathieu van der Poel et Tom Pidcock – viendront s’y ajouter. Leur arrivée va créer pas mal de stress chez la concurrence, mais je pense qu'Eli Iserbyt sera prêt à les affronter. La Coupe du Monde Cyclo-cross UCI est très importante pour lui. Je m’attends à ce qu’il soit, comme l'an dernier, très dominant. Cette saison même peut-être avec un objectif supplémentaire : battre Van Aert, Van der Poel ou Pidcock dans le principal challenge de régularité. Pour le reste, je suis curieux de voir ce que feront le coéquipier d’Iserbyt, Michael Vanthourenhout, et le champion d’Europe Lars van der Haar, qui vient de devenir papa. » 

« Je pense qu’Eli Iserbyt sera prêt à affronter les trois grands »

Paul Herygers

Pensez-vous que l’hiver prochain, nous verrons souvent Wout van Aert, Mathieu van der Poel et Tom Pidcock dans les cross ? 

« J’ai entendu qu’ils envisageaient de participer à une quinzaine de courses. Si c'est vrai, on peut s’estimer très heureux. J'espère qu'ils ne nous ont pas réjouis pour rien. Tout le monde les attend avec impatience. Par exemple, de nombreux organisateurs cherchent une place sur le calendrier pendant la période de Noël, car il y a plus de chances qu'au moins un des trois soit présent. En décembre, ce sera la fête, mais on doit se rendre compte que le cross doit rester populaire, même sans les trois grands leaders. Après tout, ce sont leurs adversaires qui donnent le couleur à plus de la moitié de la saison. » 

Outre les trois ténors, Zdenek Stybar sera bientôt de retour aux cross. Quel rôle jouera-t-il ? 

« J’ai du mal à l’estimer. Par le passé, il est arrivé qu’il enchaîne quelques cross avant de battre Sven Nys au championnat du monde. Zdenek est un gars à part. On ne sait jamais quand il décide de s’attaquer à quelque chose. Ce n'est pas parce que ça ne marche plus toujours sur la route que ce sera aussi le cas en cross. J'ai vécu la même chose avec Adrie van der Poel. Il n'y arrivait plus vraiment sur route, mais en cross, il était encore capable de grandes choses. Il est même encore devenu champion du monde à Montreuil. Stybar pourrait donc se mêler une nouvelle fois aux grands. Je lui accorde le bénéfice du doute. » 

Qui mettez-vous en avant cette saison chez les Femmes Élite ? 

« Je crois toujours en Lucinda Brand, même si la jeunesse trépigne d’impatience. Annemarie Worst va mieux. Pour l’instant, Fem van Empel se débrouille comme une cheffe en cross, et il ne faut pas oublier Puck Pieterse. Si vous battez ces jeunes cyclistes, vous irez loin. Il y a aussi Denise Betsema, mais pour l'instant, elle doit s’incliner face à la concurrence. Je ne veux pas rendre Lucinda Brand nerveuse, mais elle a la jeunesse à ses trousses. Elle est très intelligente et a plus d’expérience de course, et je pense donc que grâce à cela, elle gagnera plus souvent que la concurrence. » 

« Je ne veux pas rendre Lucinda Brand nerveuse, mais elle a la jeunesse à ses trousses »

Paul Herygers

Il ne faut pas oublier le phénomène Zoe Bäckstedt. Qu’en pensez-vous ? 

« Elle continue d’étonner tout le monde, mais je pense que son avenir est sur la route. Bien sur, je pourrais le regretter à l'avenir. Je doute que Bäckstedt soit à la hauteur des meilleurs talents comme Fem van Empel, Puck Pieterse... Ne me comprenez pas mal, elle est capable de rouler très vite et elle s'en sort bien sur des circuits très durs, même si on s’attend peut-être à ce que ce ne soit pas le cas. La question est de savoir si elle pourra encore relever son niveau. » 

Une petite prédiction pour conclure. Qui attendez-vous comme vainqueur final de la Coupe du Monde UCI 2022-2023?

« C’est assez impossible à dire, car nous ne savons pas encore exactement qui disputera quels cross, mais je mets d’office Eli Iserbyt en un. Chez les Femmes Élite, j’opte pour Lucinda Brand. Les deux mêmes noms que l'an dernier, je prends peu de risques. »